Il est chaque année navrant de constater tous les efforts que se donne la grande distribution, à coups de harcèlement publicitaire toujours plus assomant, pour nous faire gober que Noël, c'est la fête de l'ostentation et des produits de luxe: paillettes, robes du soir, champagne, truffes ... Le tout à des prix malaisants mais néanmoins prétendument imbattables (et pour cause, ce sont les producteurs qui sont battus).
Pourtant, les traditions de Noël dans toutes les régions d'Europe préconisent justement la sobriété, la communion et le partage. Dans les cultures orthodoxes, comme en Ukraine ou en Bulgarie, il est recommandé de s'absternir de viande et de produits animaux pendant tout l'avent, ou à tout le moins certainement le 24 décembre. En fait c'est aussi le cas dans de nombreuses régions traditionnellement catholiques, comme en Provence ou en Pologne.
Même en Belgique, les recettes traditionnelles de Noël, comme les bouquettes ou les galettes, sont essentiellement "spéciales" dans la mesure où elles demandent du temps et de l'attention (bref de l'amour), alors qu'elles ne nécessitent que des ingrédients relativement bon marché. C'est aussi le cas des desserts portugais comme les rabanadas, qui ne sont jamais qu'une forme de pain perdu, ou des pepparkakor suédois, dont la véritable valeur ajoutée est la présence chaleureuse des voisins et amis en compagnie de qui vous les confectionnez.
Hélas, un instant d'inattention et l'esprit de partage, d'empathie et d'attention envers les plus petits, devient: "claquez de la thune, empiffrez-vous et mangez des bébés"... Tout ça pour dire que si jamais vous avez un tonton relou qui vous reproche de ne pas toucher au foie gras ou au marcassin alors que hein, franchement, c'est Noël, appelez-moi, et je vous prêterai volontiers mon sécateur. C'est ça aussi, le partage.
En attendant, voici une petite sélection d'idées festives et pas trop chères, et qui ne nécessitent pas des heures de cuisson au four - vu le prix de l'énergie. A déguster en pull avec tous vos amis.
L'apéro
Puisqu'on parle de sobriété, pourquoi ne pas préparer l'une ou l'autre boison sans alcool - toujours une bonne idée, surtout en début de repas, quand les convives ont réellement soif.
Entrées et soupes
Faites un tour au marché. Achetez les légumes récoltés avec amour par votre maraîcher-e, et servez les vapeur avec une petite vinaigrette, ou faites-en une bonne soupe bien crémeuse et épicée. C'est l'occasion de vous servir des pots d'épices moulues qui végètent dans le fond du placard - un peu clous de girofle de gingembre pour faire Noël, ou alors du cumin: sur un velouté de pommes de terre ou de rutabaga, impossible de se tromper.
On oublie encore parfois que les légumes les plus communs, comme les poireaux, ont une saveur qui mérite d'être mise en valeur pour elle-même.
La résistance
Pour des Noëls précédents, j'ai fait plusieurs fois ce rôti qui a toujours eu beaucoup de succès. Ce sont les pommes et les chicons qui lui donnent toute sa personnalité.
Alternativement, une tymbale d'orge au thym, enrobée avec amour dans des feuilles de poireaux, réchauffera tous les coeurs.
Pour une option plus légère, mais toujours locale et de saison, quelques pleurotes rôties à l'ail ajouteront toujours une dimension festive à votre assiette, par exemple sous forme de brochette, ou accompagnées de pak choi et d'une sauce au riesling.
Comme accompagnement, des légumes d'hiver au four mettront tout le monde d'accord, tranchés finement pour une cuisson rapide, et badigeonnés d'ail et d'huile d'olive pour que l'odeur vous mette l'eau à la bouche: que diriez-vous d'un gratin dauphinois sans dauphin ou d'un tian de patate douce et daikon?
Desserts, goûters et autres sucreries
Si vous avez encore faim, pourquoi pas un petit tour au Portugal ou encore en Grande Bretagne, où règnent en maîtres les gateaux et desserts à base de fruits secs, de biscuits cassés, voire de restes de gateaux cassés.
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