Voici six mois que le
gouvernement Borsus a voté l'interdiction totale des cultures
maraîchères sur l'ensemble du territoire wallon. Adieu poireau, mâche, chicons. Une exception, la pomme de terre, dont
la distribution et la préparation sont toutefois rigoureusement
contrôlées par l'APAQW, la cuisson par friture à l'huile de boeuf dans les baraques agréées demeurant la seule autorisée.
De Comines à Visé, des bars à soupe clandestins poussent comme des champignons, dans les caves glauques où des potages frelatés font les choux gras de la mafia fouronnaise.
L'importation de céréales non destinées au bétail est également prohibée. Les personnes surprises à marauder dans les cultures fourragères et les champs de pommes de terre sont abattues sans sommation.
A Namur, capitale mondiale de la Wallonie, des membres de la Milice du Terroir, la nouvelle branche armée de l'APAQW, ont incendié la boutique VEGGI pour semer la terreur. Partout, des militants et militantes véganes, souvent dénoncées par un voisinage malveillant, sont envoyées en stage de réhabilitaiton sociale à la Maison du Terroir du Pays de Herve.
À La Hulpe, poussées par la peur et par la faim, marchant depuis parfois plusieurs jours, des hordes de végétariens et végétariennes s'apprêtent à traverser la forêt de Soignes vers le Nord, où, dit-on, des membres de EVA les acceuillent avec des panniers remplis de chicons et de navets. À Rixensart, tandis que les contrebandiers flamands traversent le lac de Genval avec des casseroles de stoemp cachées dans le faux plancher de leurs pédalos, les plus téméraires fuient à la nage la Terreur instaurée par Borsus Premier.
Hélas,
les pauvres ne sont pas au bout de leurs peines, car Bruxelles aussi a
faim. Finis les petits marchés bio: les derniers maraîchers du béwé ont
disparu depuis longtemps - disparu littéralement. Les rayons des Delhaize sont quasi vides. Dans le centre ville, le
chicon se vend à prix d'or - 7 euros pièce au marché des Tanneurs, quand
il y en a. Seul le boerenkool importé des Pays-Bas est encore
régulièrement disponible, quoi qu'en quantité modeste.
Tant
bien que mal, les Saint-Gillois-es, les Saint-Lambertien-nes, les
Wolusanpetrusien-nes et toutes les autres se résignent à cultiver leurs
propres légumes. La jardinnerie de Nos Pilifs est prise d'assaut; au
bout de deux jours, les jardinniers du dimanche nouvellement promus se
tournent à contre-coeur vers les bricos, qui a leur tour se vident en
quelques jours. Les cols blancs retroussent leurs manches, mais n'ont
pas la main verte: la récolte est maigre... Tomates-cerises, radis, un peu de salade à couper... Et bien sûr, la seule culture maîtrisée -non sans fierté- par le
citadin lambda: les herbes aromatiques.
Bref, les temps sont durs, il va falloir bouffer de la sauge à toutes les sauces.
BRUXELLOISES, BRUXELLOIS, N'ATTENDEZ PAS QU'IL SOIT TROP TARD.
Toi aussi, initie-toi au jardinnage urbain pour survivre à tout scénario apocalyptique: pandémies, attaques de zombies ou gouverement wallon.
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